Il faut un secrétariat d’Etat ou un ministère des Ivoiriens de la diaspora

Jean-Paul Ouraga, président de la COGID : “Il faut un secrétariat d’Etat ou un ministère des Ivoiriens de la diaspora”

Ecrit par j-ci.net Le Journal de Connectionivoirienne.net · septembre 6, 2008 @ 8:47

Jean Paul Ouraga est le président de la Coordination générale des ivoiriens de la diaspora, (COGID). Dans le cadre de ses activités, il a effectué récemment une mission, à Abidjan, pour rencontrer les autorités et discuter de la problématique du retour des Ivoiriens de l’étranger. Il expose, ici, les enjeux de cette question.
Notre Voie : Quel est l’objet de votre présence à Abidjan ?
Jean Paul Ouraga : Nous sommes en mission, à Abidjan, dans le cadre des activités de la COGID. La mission s’articule autour de trois points. Nous sommes venus pour faire la promotion de la COGID auprès des décideurs et un certain nombre d’organisations internationales. Il y a quelque mois nous avons élaboré un mémorandum sur la problématique du retour des Ivoiriens de la diaspora au pays. Nous sommes venus présenter ce document. D’ici 2009, nous projetons un certain nombre d’activités, au nombre desquelles, le congrès qui se tiendra à Grand-Bassam. Nous sommes là, pour préparer ce grand rendez-vous. Le mémorandum a été rédigé sur la base d’un débat que nous avons organisé sur Internet, durant un mois. Nous avons entériné les conclusions le 7 mai dernier à Paris, à la faveur de la journée de la diaspora qui a été organisée, à l’ambassade de Côte d’Ivoire en France. Les Ivoiriens de la diaspora ont fait des propositions pour la sortie de crise. La crise ivoirienne qui était au départ une crise militaire, aujourd’hui, s’est muée en une crise morale et éthique. Le pays a besoin de la contribution de tous, et c’est ce que nous avons fait. Nous avons donc remis nos propositions aux autorités qui ont bien voulu, nous ouvrir leurs portes, et je les salue ici, au passage.

N.V. : Selon vous, en quels termes se pose le retour des Ivoiriens de la diaspora?
J.P.O. : Si nous avons rédigé un mémorandum sur la problématique du retour au pays, c’est parce que véritablement, les Ivoiriens aspirent à retourner au pays. Ça, c’est à mettre sur le compte de la crise, qui aura aidé à consolider le patriotisme, et une certaine union entre les Ivoiriens. Selon les estimations, il y a 1.500.000 ivoiriens à l’étranger, dont 127.000 en France. Pour la plupart, ce sont des personnes qui ont une qualification. C’est qu’ils sont importants pour l’avenir de la Côte d’Ivoire. Le problème du retour réside dans les conditions de retour, les dispositions prises par l’Etat pour favoriser le retour et la réinsertion des uns et des autres. Les exemples sont là. En Mauritanie, au Mali, pour ne citer que ces pays, une politique a été mise sur pied dans ce sens. Les autorités nous demandent de nous unir, c’est ce que nous faisons avec la COGID. Dans nos propositions, nous avons demandé, l’élaboration d’un cadre juridique qui facilite la réinsertion des Ivoiriens qui aspirent par exemple à venir investir dans leur pays. Nous avons proposé également la création d’un secrétariat d’Etat ou un ministère tout simplement. Parce que la Direction des Ivoiriens de l’étranger ne sied pas. Elle est logée au ministère des Affaires étrangères, qui s’occupe de la politique étrangère de la Côte d’Ivoire.

N.V. : Quels sont les autres points saillants du mémorandum?
J.P.O. : Le mémorandum contient douze propositions. Les plus importantes portent sur la science et l’économie. Les pays émergeant aujourd’hui sont les pays où les sciences, en l’occurrence les Nouvelles technologies, sont développées. Nous voulons que les Ivoiriens de l’étranger qui maîtrisent les NTIC par exemple, aident leur pays. C’est pareil pour l’économie. Nous avons également des propositions sur la moralisation de la vie publique. Aujourd’hui la morale a foutu le camp dans notre administration et nos familles.

N.V. : Les Ivoiriens de la diaspora ne demandent-ils pas un peu trop à l’Etat ?
J.P.O. : Nous faisons des propositions. Ce sont des chantiers de discussion. Nous ne demandons pas trop à l’Etat. Un enfant ne demande jamais trop à son père. Il appartient au père de choisir ses priorités.

N.V. Quelles sont les potentialités de la diaspora ivoirienne ?
J.P.O. : A ce jour, il n’ y a pas de statistiques fiables, cependant, comme je l’ai indiqué, il y a beaucoup d’Ivoiriens qui sont qualifiés. Ce point est l’un chantier sur lesquels va se concentrer, la COGID. Lorsqu’on aura ces données, nous serons à l’aise pour aider la Côte d’Ivoire.

N.V. : Pourquoi jusque-là, la diaspora ivoirienne a du mal à s’organiser ?
J.P.O. : C’est un problème à la fois culturel et sociologique. Compte tenu de la prospérité enregistrée par le pays au début des indépendances, les Ivoiriens, contrairement aux autres africains, n’éprouvaient pas la nécessité de sortir de leur pays. La notion de diaspora est quelque chose de récent. A côté de cela, il y a un problème de mentalité. Nous oeuvrons à corriger cette situation. Il y a beaucoup d’organisations de la diaspora, mais nous jouons le rôle de canal fédérateur. Je suis confiant que les choses iront dans le bon sens.

N.V. Quels seront les prochains rendez-vous de la COGID ?
J.P.O. : Le 15 novembre 2008 à Paris, nous ferons le premier forum des associations ivoiriennes à l’Etranger. En 2009, il y aura le premier congrès des Ivoiriens de la diaspora, à Grand-Bassam. Pour que tout cela se réalise, il serait intéressant que la crise prenne fin. J’appelle les Ivoiriens de la diaspora à l’union. Il y a plusieurs structures. Je ne dis pas de dissoudre les associations, mais retrouvons-nous derrière la COGID, pour évoluer ensemble, et contribuer à bâtir la Côte d’Ivoire.

Interview réalisée par César Ebrokié

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